Mort d’un enfant de 14 ans : les enfants doivent toutes et tous être protégé·es !

La presse a relaté récemment la mort de l’adolescent de 14 ans, placé en foyer, qui avait agressé au couteau son enseignante de musique le 24 septembre dernier. Dans son communiqué du 25 septembre, SUD éducation a exprimé "tout son soutien à l'enseignante, ses proches mais aussi à tous les personnels de l’établissement comme aux élèves et leurs familles,  choqué·es par cette agression." Nous réaffirmons ce soutien plein et entier. Il nous faut aussi interroger les violences subies par ce jeune adolescent qui  s’est donné la mort alors qu’il était rattrapé par les services de police suite à l’agression dont il était l'auteur.

Son parcours (placement, violences en famille d’accueil, violences institutionnelles, absence de prise en compte de sa santé mentale et exposition dangereuse à l’idéologie nazie) montre que l’École et les services de protection de l’enfance n’ont pas réussi à protéger cet enfant de la violence des adultes. Ce jeune adolescent aurait dû être protégé.

 

La tragédie qu’il a subi met au jour les carences de l’État et de l’Éducation nationale en matière de protection des enfants et en particulier des enfants placés et des enfants en situation de handicap. Par infantisme, les violences exercées à l’encontre de ces enfants persistent et sont normalisées : les enfants sont trop souvent renvoyé·es à la pleine responsabilité des violences qu’ils et elles commettent afin de justifier une politique punitive et répressive alors qu’ils et elles auraient au contraire dû être accompagné·es et protégé·es.

Le drame survenu dans le Bas-Rhin vient nourrir un discours validiste et psychophobe en expliquant l'agression par la seule information suivante : c'était un enfant handicapé. Toutes les violences institutionnelles et systémiques subies par ce jeune ont été annulées, effacées.

Cette tragédie illustre les manquements des institutions à l’égard des enfants, que ce soit au sein de l’Éducation nationale ou de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Comme l'ensemble des services publics, les dispositifs de protection de l’enfance et de santé mentale sont aujourd’hui en crise. De ce fait, des enfants en grande souffrance psychique sont laissé·es sans suivi, sans soin, sans écoute, même parfois lorsqu’ils et elles sont reconnu·es comme étant en danger. Le système scolaire, quant à lui, reste marqué par le validisme : l’élève qui ne « rentre pas dans les cases » est rapidement relégué·e, stigmatisé·e, invisibilisé·e, voire exclu·e.

Ces différents drames s’inscrivent dans un contexte où les idées d’extrême droite se banalisent, stigmatisant les plus fragiles et cultivant la peur, pénétrant l’école comme la société. Les enfants ne sont pas protégé·es de cette porosité : elles et ils y sont exposé·es au quotidien, dans les médias, sur les réseaux sociaux, par le biais de jeux en ligne, parfois même dans les institutions censées les protéger. Le risque est immense que les violences subies par les plus vulnérables soient instrumentalisées pour justifier toujours plus de répression et moins de solidarité.

Pour SUD éducation, quand un enfant meurt dans ces conditions, il ne s’agit pas seulement d’un « fait divers ». C’est le résultat des violences sociales, institutionnelles et familiales. C’est la violence des adultes et le validisme systémique qui conduisent à la mort.

Face à ce drame et à son traitement médiatique, il est essentiel d’articuler les luttes pour le respect des droits de toutes et tous les enfants et contre toutes les formes de violences et d'oppressions qu’ils-elles subissent. Le Collectif enfantiste, qui dénonce depuis plusieurs années la maltraitance institutionnelle et le validisme du système scolaire, partage nos préoccupations. La mobilisation nationale du 15 novembre doit être un moment fort pour rappeler que les enfants et les jeunes doivent être protégé·es de toutes les violences, qu’elles soient familiales, institutionnelles ou politiques.

 

SUD éducation réaffirme: 

– un soutien total à l’enseignante blessée, à ses collègues, aux familles et élèves de l’établissement ;

– la nécessité d’un investissement massif dans la protection de l’enfance, la santé mentale et l’école inclusive pour toutes et tous ;

– son engagement dans la lutte contre toutes les violences systémiques qui discriminent et bafouent les droits des enfants : validisme, psychophobie, sexisme, racisme, LGBTQIA+phobies…